Menu
Libération
Interview

Boëglin au fil de Pinocchio. Du feuilleton de Carlo Collodi, il a tiré une mise en scène enchanteresse. Entretien. Pinocchio, d'après Collodi, m.s. de Bruno Boëglin, jusqu'au 9 mai, Théâtre national de l'Odéon, Paris VIe; tél.: 01 44 41 36 36

Article réservé aux abonnés
publié le 10 avril 1999 à 0h39

C'est un Pinocchio sans culotte tyrolienne ou nez qui s'allonge que

présente Bruno Boëglin à l'Odéon. Son spectacle, créé à Chambéry (Libération du 18 janvier), retourne aux sources: le roman-feuilleton de Carlo Collodi publié à partir de 1881 dans le Giornale per i bambini de Florence. Sur la scène de l'Odéon, le voyage initiatique du petit pantin de bois est nettoyé de tout folklore. Les costumes, les décors sont réduits au minimum mais toute la machinerie ­ chaînes, poulies, praticables ­ est mise à contribution tandis que le théâtre bruisse de mille bruits (chansons, murmures, aboiements"). Le Pinocchio de Boëglin raconte une histoire triste: malheur aux innocents! Mais c'est une histoire qui ne triche pas, à l'image de son metteur en scène, petit bonhomme et forte tête, artisan et poète. Vous connaissiez bien le livre de Collodi?

Les gens s'imaginent tous avoir lu Pinocchio. Mais dès que tu poses des questions, c'est l'effondrement. Moi-même, je croyais mais je ne l'avais pas lu. C'est quand j'ai joué dans la Cité cornue de Znorko (en 1989, ndlr) et que je faisais le Pinocchio en slip, que j'y suis allé voir. Et depuis, c'est un projet qui vous tient à coeur? Pas vraiment. Je remplissais les formulaires pour le renouvellement de la convention de ma compagnie. Au chapitre «perspectives artistiques» (autant dire «mensonges»!), j'ai mis: Pinocchio. Ça me fait penser à Fellini. Son producteur voulait qu'il fasse un Casanova. Et Fellini lui a dit: «D'accord, dans cinq ans.