Au milieu des années 30, alors que la vogue des big bands battait
son plein, on les avait surnommés «Mr. and Mrs. Swing». Le xylophoniste Red Norvo et son épouse, la vocaliste Mildred Bailey, formaient en effet un sacré tandem à la tête d'une formation de douze musiciens, s'escrimant sur des arrangements d'Eddie Sauter, futur responsable de la BO du Mickey One d'Arthur Penn. «Cet ensemble est incroyablement excitant, écrivait à l'époque le critique George T. Simon, qui ne cesse de faire monter la tension de l'auditeur, laissant supposer à celui-ci, déjà sous le charme, que le meilleur est encore à venir.»
Rouquin. Natif de Bearsdown, Illinois, et pianiste de formation, Kenneth Norville, devenu Red Norvo à cause de ses cheveux roux et d'une erreur de compréhension de l'un de ses premiers employeurs, Paul Ash, a commencé sa carrière de leader en dirigeant, à Chicago, un groupe de marimbas: The Collegians, avant de se voir offrir le pupitre de xylophone chez Paul Whiteman, dont il n'allait guère tarder à séduire la chanteuse, scellant ainsi une fructueuse association appelée à durer jusqu'en 1945, date de son entrée, comme vibraphoniste cette fois, dans l'orchestre de Benny Goodman. Passé ensuite chez Woody Herman, Red Norvo se singularise en montant, en1949, un trio intimiste avec le guitariste Tal Farlow et le contrebassiste Charles Mingus. Un groupe expérimental (absence de batteur) qui va rester dans l'histoire du jazz au chapitre des précurseurs. Même si Mingus, dans son aut