Jérusalem de notre correspondant
Le 4 septembre 1997, trois kamikazes palestiniens explosent avec leurs bombes rue Ben Yéhouda, en plein centre de Jérusalem. Ils entraînent dans la mort cinq Israéliens et blessent une centaine de personnes. Un an et demi plus tard, Simone Bitton revient sur le lieu du crime. C'est sa façon à elle de combattre l'anonymat terrible de l'attentat et l'obscénité de ces corps carbonisés qui, en perdant la vie, ont également perdu leur apparence humaine. Mais elle ne se contente pas de singulariser les victimes et de recueillir la douleur des familles, elle met également un visage sur les meurtriers et donne la parole à leurs proches.
«Montrer les deux côtés». Peut-on traiter sur un même pied innocents et coupables? Comprendre l'assassin, n'est-ce pas déjà justifier son acte? Simone Bitton joue volontairement avec le feu et réussit le tour de force de ne pas trop se brûler. Sur une terre où deux peuples cohabitent sans se connaître et où la haine de l'un se nourrit de l'ignorance de l'autre, la réalisatrice franco-israélienne cherche seulement à montrer la double face d'une tragédie et à établir un timide dialogue malgré le sang et les larmes. Car ces familles endeuillées, qu'elles soient israéliennes ou palestiniennes, ont un langage commun: celui de la souffrance.
«Je n'essaie pas de créer une égalité entre les deux parties. Il n'y en a pas. Il est clair qui sont les meurtriers et les victimes. Mais il est important de montrer les deux côtés», expl