Caravelles à la découverte de l'Eldorado échouées dans la Caraïbe,
jonques coulées par les pirates en mer de Chine, il a toujours suffi d'une carte pour embarquer vers le mystère. Loin du trésor de Rackham le Rouge, la réalité est dramatique. Sous les mers et sur la terre ferme, le pillage et le vol d'oeuvres d'art constituent dorénavant le deuxième trafic international après la drogue. Le phénomène ne date pas d'aujourd'hui. Les archéologues ont fait la fortune des musées occidentaux. Avec la bonne conscience de sauvegarder le patrimoine de l'humanité, les grands empires coloniaux n'ont jamais hésité à dépouiller les pays qu'ils administraient. Mais l'explosion actuelle du pillage est sans commune mesure, favorisée par les avancées technologiques hors de portée du tiers monde. La flambée du marché des arts premiers, dont la mésaventure de Jacques Chirac recevant pour son anniversaire une statuette Djenné volée au Mali révèle l'ampleur. Les crises économiques rendent les autorités locales, civiles et militaires, plus corruptibles. Les conflits et guerres encouragent toutes les exactions, au premier chef en Irak, en Afghanistan ou au Cambodge. La chute du mur de Berlin offre aux gangs de l'Est de nouvelles plaques tournantes. Les réseaux illicites de l'art épousent les circuits de la drogue. La Camorra napolitaine est en cheville avec les voleurs de Pompéi, les triades collaborent avec les pilleurs de mausolées de Xian quand la mafia russe organise le sac des églises orthodo