Hippie blond tardif, grand rocker échassier, Ernst Jorgensen répond
du fin fond de sa résidence campagnarde au Danemark, le pays de Carl Theodor Dreyer et d'Anna Karina, un pays qu'on aime. Il met immédiatement les choses au point: il aime «tout Presley», découvert teenager, alors qu'Elvis était déjà considéré comme ringard à cause du packaging de ses disques, leur côté cheap.
Depuis dix ans, Jorgensen établit une sorte de catalogue raisonné de l'oeuvre (sa grande fierté n'est ni le coffret 50's ni le 70's mais bien les raretés et les révélations du coffret 60's). «Je ne méprise pas le Presley commercial, les chansons d'amour, les hits country, mais je ne m'occupe que du côté artistique de toutes ces rééditions RCA-BMG depuis bientôt dix ans. J'essaie de débarrasser les disques de Presley de leur côté vulgaire; je cherche à faire ressortir l'artiste qui est aussi un "primitif, un styliste. Je m'attache aux grands moments historiques de sa carrière. Vous savez qu'Elvis écoutait absolument tout? J'ai retrouvé ses cassettes perso où il se faisait ses sélections à lui. Il avait un goût très sûr, il adorait Dylan, par exemple"»
Comment avez-vous retrouvé ces enregistrements privés d'Elvis?
En deux temps. D'abord en 1983, quand le colonel Parker était encore en vie, un clash juridique l'a opposé à RCA. On a récupéré quelques inédits, séances privées. Mais l'essentiel de ces 22 Home Recordings, c'est Peter Guralnick (1) et moi; nous les avons dénichés dans la maison du père d'Elvis, Ve