Le Havre envoyée spéciale
Un parallélépipède de verre et de métal, tournant le dos au béton de la ville reconstruite pour ne dialoguer qu'avec la mer: construit de 1958 à 1961 par Guy Lagneau et Raymond Audigier, le musée André-Malraux du Havre a rompu avec les principes du «sanctuaire» (fermé sur la protection de ses collections) pour ériger un idéal de transparence intégrale. Même pas de toit opaque, mais, là aussi, des pans de verre armé, juste surmontés d'un emblématique «paralume» métallique dessiné par Jean Prouvé. Salué de toute part pour sa réussite esthétique, ce beau paradoxe architectural s'est vite révélé entaché d'une bonne part d'utopie en matière d'isolation thermique. Inadapté, en outre, aux normes de sécurité actuelles, le musée appelait une rénovation globale, voire, pour certains, un remplacement radical. Le choix, coûteux, de la rénovation a été assumé à 60% par la ville et à 28% par l'Etat. Confiée à Laurent et Emmanuel Beaudoin, assistés de Sandra Barclay et Jean-Pierre Crousse, l'opération a porté à la fois sur les abords (11 millions de francs) et les espaces intérieurs (72 millions de francs).
Encastré au nord et à l'est dans un angle droit dessiné par deux barres d'immeubles, le bâtiment s'ouvre en revanche sur l'espace maritime par ses façades est et ouest. Bordées de près par la voie automobile qui longe l'eau, celles-ci ne disposaient cependant que de peu de «recul» terrestre. La révision de la voirie et le gain d'un certain nombre de mètres carré