C'était l'été dernier à Salzbourg. Evénement du soir, le Parsifal
donné en version concert sous la baguette de Valery Gergiev, avec Placido Domingo dans le rôle-titre, Waltraud Meier en Kundry, et les Wiener Philharmoniker dans la fosse. On s'interrogeait. Evénement mondain, médiatique, musical? Au terme d'un premier acte somptueux, flottait dans l'air comme un parfum de l'ère Karajan, toutes robes du soir et parures dehors. Mais les lumières baissées pour le second acte, c'était bien l'esprit mystique de Wagner qui soufflait au-dessus des sièges. Sur scène, se détachant impériale d'un fond rouge incandescent, Waltraud Meier irradiait de puissance et de beauté. Moins d'un an après sa Kundry souillon et animale au Châtelet, elle n'était plus que voix, surnaturelle. A ses côtés, Placido Domingo rivé à sa partition un comble, après tant d'années à chanter le rôle avait l'air d'un petit garçon. Crise de la mise en scène. La direction de Gergiev? «Virile, sexy"» Manquant de substance? «No comment» réplique neuf mois plus tard, Waltraud Meier calmement installée dans sa loge de l'Opéra-Bastille, à la veille de la première de Lohengrin. Il ne s'agit que de la reprise de la production de Robert Carsen. Mais c'est l'occasion d'entendre Waltraud Meier en Ortrud. On l'observe. Envolée la créature drapée de lumière soufflant le feu sur la scène de Salzbourg, à la place une chanteuse consciencieuse et impeccable, qui a passé tout l'après-midi à chercher ses marques dans une mise en