Tandis que se prépare à Gennevilliers la création en français de
Chats et souris (moutons) avec la collaboration de l'auteur, la Cabane de l'Odéon affiche Loué soit le progrès dans une mise en scène de Lukas Hemleb. La première pièce date de 1995, la seconde de l'année dernière. Gregory Motton, Anglo-Irlandais de Londres né en 1961, fait toujours, de ce côté-ci de la Manche, l'objet d'une grande curiosité, depuis le choc de Chutes, présenté en janvier 1992 au TGP par Claude Régy. La traversée des bas-fonds de Londres se transformait en exercice de voltige dans les ténèbres. La pièce y gagnait en profondeur mais pas forcément en clarté. Et Motton n'avait pas été le dernier surpris du résultat, flatté mais laissant entendre que les choses étaient peut-être plus simples et plus drôles. Il avait d'ailleurs tenté d'en faire la démonstration en montant lui-même en anglais au Petit Odéon il y a trois ans Chats et souris (moutons). Motton vu par Motton s'inscrivait dans un registre plus psychologique et plus farcesque, mais laissait l'impression de rester au seuil de l'oeuvre. Et c'est avec curiosité qu'on en attend la version française.
Fausses pistes. En fait, le théâtre de Motton intrigue d'autant plus qu'il résiste aux tentatives d'élucidation, y compris celles de l'auteur. Les répliques et les situations ne s'enchaînent pas, elles se répondent comme des signaux lumineux dans la nuit. De scène en scène, de phrase en phrase, impossible de prévoir d'où viendra la lueur suivante.