Atypique, Benjamin Britten fait partie des compositeurs du siècle
dont l'importance a été occultée par le triomphe de l'avant-garde contemporaine des années 60, pour qui , point de salut hors du formalisme sériel, après Webern. Le grand public connaît certains de ses opéras comme Peter Grimes ou The Turn of the Screw. Mais c'est un fait: des enregistrements de Colin Davis qui n'est pas le dernier des chefs actuellement indisponibles au catalogue Decca jusqu'à sa trilogie de chambre dont on ne connaît souvent que Curlew River, le continent Britten reste un peu terra incognita. D'où la chance d'entendre ce soir et demain le War Requiem dirigé par Jan-Latham Koenig, chef actuel du Philharmonique de Strasbourg dont la baguette se distinguait récemment dans les Dialogues des carmélites de Francis Poulenc.
S'il dirige cette oeuvre pour la première fois, Koenig participa souvent à son exécution sous la baguette du compositeur au sein de la Maîtrise de garçons du collège de Coventry, où le War Requiem fut créé en 1962 pour célébrer la réouverture de la cathédrale. Un an plus tard paraissait le premier enregistrement de l'oeuvre avec la même Maîtrise de garçons et le London Symphony Orchestra, tous deux dirigés par Britten.
Ecrit pour trois solistes un Anglais, un Allemand et une Russe afin de symboliser les Alliés de la Seconde Guerre mondiale, ce Requiem, selon Koenig, se distingue de ceux plus célèbres de Mozart, Verdi ou Fauré par «la juxtaposition de deux éléments distincts