Bruxelles envoyée spéciale
Dans un quartier central de Bruxelles, rue du Prince-Royal, à quelques encablures du siège de l'Otan, quelques membres du Fron't (avec une apostrophe négatrice, comme don't, en anglais) tiennent une réunion informelle dans une ancienne chocolaterie reconvertie en ateliers d'artistes. Ils sont quatre, la trentaine. Une femme et trois hommes. Elle est dramaturge, ex-yougoslave, venue à Bruxelles en 1992 («et peut-être demain sans-papiers»); elle s'active notamment au sein du groupe Migrative Art, lequel a créé le «premier camp de concentration culturel: on a enterré tous nos projets d'artistes en attendant la fin des guerres». Et puis il y a Charley, l'artiste belge qui loge ce petit monde. Très actif, aussi. Illustrateur (notamment pour des livres politiques), vidéaste, il met la dernière main à un projet qui sera affiché dans toute la capitale belge: des épreuves photographiques des «lits des sans-papiers, avec leurs draps froissés, la seule trace qu'on ait d'eux». Et puis, encore, il y a les deux membres du groupe Skart, arrivés de Belgrade le 15 mars. Juste avant les bombardements. Ces deux-là sont restés à Bruxelles et protestent aujourd'hui contre les attaques de l'Otan.
«Faux dilemmes». Ils ne veulent pas qu'on confonde la Serbie et les Serbes, l'idéologie du régime et la leur. Ces artistes ne sont pas des inconscients, au contraire. Leur position: «échapper aux faux dilemmes», ni bombardements ni nationalisme. Ils répètent que les bombardement