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Libération

«The Matrix» fait mal à l'Amérique.

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Le film relance le débat sur la fascination des jeunes américains pour la violence.
publié le 29 avril 1999 à 0h49

La réalité a rattrapé le monde virtuel la semaine dernière quand deux lycéens ont abattu des dizaines de leurs condisciples dans une école du Colorado. Les images de la tragédie de Littleton ont immédiatement été superposées à celles de The Matrix (la Matrice), le film qui depuis un mois est au faîte du box-office américain et qui a franchi la semaine même du drame la barre symbolique des 100 millions de dollars (600 millions de francs) de recettes. Keanu Reeves, archange branché du cybermonde (tout vêtu de noir) exterminant sans émotion les «agents» virtuels qui le poursuivent, est en passe de devenir l’emblème de la «culture de la violence», mise en cause à longueur d’analyses dans les médias. The Matrix est dénoncé, comme l’avaient été deux autres films, Tueurs nés (réalisé par Oliver Stone en 1995) et The Basketball Diaries (Scott Kalvert, 1993), comme l’un des vecteurs du «virus» qui pousserait la jeunesse américaine à la violence terrifiante que l’on a vue exploser à Littleton.

«Columbine!» Le New York Times rapporte mercredi que, dans certains cinémas, «les similitudes (entre le film et la tragédie, ndlr) apparaissent si frappantes que le public applaudit et crie "Columbine! (nom de l'école frappée par le massacre, ndlr) quand Keanu Reeves franchit un portique de détection, ouvre froidement son manteau pour dégainer ses armes et fait exploser un bâtiment rempli de policiers». Certains croient ainsi tenir la réponse à la question que se posait le Los Angeles Times la se