Plus vraiment jeune et pas encore vieux, pas spécialement beau et
néanmoins tout sauf moche («un charme certain», après expertise féminine), coupé de toute appartenance à une quelconque mouvance, affilié à aucune scène locale, pas plus surdoué que loser. Ainsi nous revient le personnage, seul. Et toujours affublé d'un pseudonyme si impossible qu'il suscite ce type de réactions: «On sait pas si c'est une fille ou un garçon" Ça me fait penser à Mister Magoo" On dirait un nom de chien" Qui ça? Dédé Mago? Gégé Maso?» Non, Zézé Mago, «la juxtaposition de deux surnoms», pour entériner aussi une volonté, possiblement douloureuse, de «tourner la page»: «Je suis parti en ne voulant pas impliquer ma famille dans mes singeries, d'autant que ça n'est pas auprès d'elle que j'ai eu le plus de soutien.» Originaire de l'est de la France, Zézé Mago avait déjà migré il y a deux ans au contact de ses musiciens (des ex-Roadrunners, notamment) à l'exact opposé, Le Havre, au moment de son premier album. Une ville portuaire, géométriquement reconstruite au sortir brutal de la guerre, «pas très dynamique, avec une atmosphère déprimante quand c'est pourri, même si ça ne dure jamais longtemps». Un lieu de transit, de toute façon, où il est content d'avoir posé ses valises, en sachant qu'il n'y restera pas éternellement, que son avenir passe par une quête d'ailleurs.
Tréteaux, cageots. Comme pour s'en convaincre, le modeste pied-à-terre qu'il occupe tient plus de la cellule que de la bonbonnière. Tréte