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Libération
Critique

Cap-Verdien de France, le producteur José da Silva raconte son parcours et celui de sa star. Cesaria Evora, CD: Café Atlantico (Lusafrica: BMG).Le 21 mai au festival Musiques métisses d'Angoulême.

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publié le 4 mai 1999 à 0h51

«Si j'avais su/ Que les jeunes/ Pouvaient mourir/ Je n'aurais jamais

aimé/ Personne en ce monde». Flôr di nha esperançs, symphonie enlevée par des violons cubains, est une morna, suavité cafardeuse dont Cesaria Evora s'est fait une spécialité depuis quarante ans, en fait dès ses 16 ans à Mindelo, São Vicente, île calcinée de son archipel natal. Ainsi commence Café Atlantico, nouveau passage du Cap-Vert au Brésil via La Havane, comme pour dire que Cabo Verde est le Cuba de l'Afrique.

Sur Maria Elena, complainte universelle espagnole que Cesaria apprit de la bouche de Nat King Cole, on entend Tata Güines, percussionniste cubain chenu, et les arrangements très boléro de son jeune compatriote flûtiste Orlando Valle «Maraca».

Pour nuancer l'ocre et le bleu de ce nouveau disque, une palette de musiciens d'élite a été réunie par José da Silva, producteur depuis dix ans de cette autre Ella Fitzgerald. «Cette fois, dit-il, nous avons fait l'enregistrement en France. Je l'ai envoyé à Jacques Morelenbaum, l'arrangeur de Caetano Veloso (violoncelliste auteur de la BO du film Central do Brasil), en lui demandant de l'habiller. Il a choisi six titres et j'ai amené Cesaria à La Havane; elle s'y est sentie comme au Cap-Vert.» A Cuba, le disque s'enrichit du savoir-faire de Lazaro Dagoberto Gonzalez, violoniste de l'Orchesta Aragon, et des cordes du Septeto Habanero. Deux groupes Lusafrica, label de Da Silva, crâne dégarni et sourire, bonne fortune de Cesaria Evora qui le lui rend bien.

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