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Libération
Portrait

Un air de Suède.Portrait de l'artiste Brett Anderson en maniériste vocal, à la faveur de la sortie du quatrième album de son groupe. Suede. Nouvel album, «Head Music» chez Small/Sony Music.

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publié le 7 mai 1999 à 0h54

En 1993, belle entrée en matière, Brett Anderson fredonnait sur

l'air du mélodrame: «Mon ange, ne prends pas ces somnifères (") Ils ne font que tuer le temps» C'est ainsi qu'on découvrait ce Londonien pointu, fixé sur les psychotropes, de même que la singulière chimie de sa voix qui a bizarrement résisté au passage des modes. Sleeping Pills, complainte sédative du premier album (Gone gone to Valium/ Can you get me some?) durait à peine quatre minutes et proposait un précipité de la formule qui a clivé l'Angleterre (et nous avec) en pro-Suede et anti-Suede également virulents. Tout y était affaire de dosage extravagant. La voix aiguë, tendre et nasillarde de Castafiore sous ecstasy, forçant tous les effets, cultivant les excès, tantôt exaltée et théâtrale, tantôt lointaine et détachée jusqu'à en paraître hautement volatile. Ce nid de contradictions qui a déposé la marque Suede et son modèle de glam rock lysergique, a logiquement survécu à toutes les ruptures dans le groupe. C'est plus évident que jamais avec Head Music, quatrième opus passionné: Suede ne tient que par la personnalité vocale de Brett Anderson. Dans un autre registre, elle évoque celle de Ian McCulloch, éternel jeune homme d'Echo and the Bunnymen: un philtre par lequel la chanson anglaise défie l'âge et résiste bravement à l'idée que tout passe et lasse.

Ballades Lexomil. Voilà tout le projet de Brett Anderson et de Suede: ne rien changer. Garder la ligne et s'enhardir, «ne jamais dévier», faire son miel de tout