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Libération
Enquête

Le cinéma chinois s'est éveillé et libéré. Une nouvelle génération s'affirme, qui interroge sans détours la société actuelle.

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publié le 8 mai 1999 à 0h55

Pékin de notre correspondante

Dépassé l'esthétisme laqué, ponctué de lanternes rouges et de palanquins! Une nouvelle génération de cinéastes chinois est en train de monter aux côtés des metteurs en scène vedettes de la fin des années 80, Zhang Yimou (1) et Chen Kaige (2). Les deux rivaux ont eu le mérite de faire découvrir le cinéma chinois au public occidental. En rompant avec les films de propagande socialiste, ils ont su faire vibrer sur les écrans la sensualité et l'exotisme orientaux, ressusciter la Chine mythique. Leur porte-drapeau, une même et unique actrice, la ravissante Gong Li, n'a pas été étrangère à leur succès.

Volontiers dérangeant Plus question aujourd'hui de plans léchés ni d'acteurs divas dans ce cinéma de la «sixième génération» (la première datant des années 30). Le nouveau style chinois, qui sidère Hollywood par ses budgets montés avec des bouts de ficelle, dérange et interroge le spectateur par sa créativité, s'inscrit en témoin des bouleversements de la société chinoise au cours des années 90. Cette nouvelle vague de metteurs en scène a de 28 à 40 ans. Formés à l'Académie de cinéma de Pékin, ils ont tous été fortement marqués par la répression du mouvement démocratique de Tian Anmen en 1989. Ils ont pour nom Jia Zhangke, le plus jeune, qui a étonné le Festival des Trois Continents avec son premier film Xiao Wu, artisan pickpocket, l'histoire d'un petit délinquant dans le grand bazar de la Chine actuelle, minée par l'argent et les questions de position