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Critique

Theatre. Spectacle trop appliqué à Caen. L'ennui des morts vivantsLa Géométrie des morts de Médéric Legros, au Centre dramatique national de Normandie/Comédie de Caen jusqu'au 11 mai à 20 h 30. Rens. au 02 31 46 27 27.

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publié le 11 mai 1999 à 0h57

Dès son arrivée aux commandes du Centre dramatique national de

Normandie à Caen en 1997, Eric Lacascade a eu le souci d'établir des liens avec les compagnies locales. En voyant la Géométrie des morts de Médéric Legros, on imagine assez bien pourquoi le directeur du lieu a proposé au jeune metteur en scène de s'installer en résidence dans ses murs, avec les sept comédiens de la compagnie de l'Astrakan. La filiation artistique de l'un à l'autre est évidente. Même désir de passer le théâtre par le corps de l'acteur, même vision chorégraphique de l'espace.

Bien avant leur rencontre, Guy Alloucherie, ex-compagnon de route de Lacascade au temps du Ballatum, avait lui aussi imprimé sa marque sur le CV de l'artiste caennais. Après une première résidence au théâtre Méga-Pobec d'Evreux (1996-1997) où il créait Empreintes (après Passages en 1995 et Silence en 1996), Médéric Legros a donc profité d'une année entière de recherche au CDN de Caen pour y nourrir sa nouvelle création. La Géométrie des morts, qui s'ouvre sur un texte de Peter Handke, dégage une certaine tension dramatique. «Je suis venu au monde, j'ai été inscrit au registre des naissances, (") j'ai appris à parler comme un homme.» Un comédien en arrière-fond déverse ces mots de manière presque mécanique, tandis que d'autres munis de niveaux à bulle (pareils à ceux du menuisier ou du maçon) exécutent un étrange ballet, semblant chercher leur équilibre. Sur leur dos, d'autres corps de chiffons comme le poids de tous les deuils