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Libération
Critique

Théâtre. Un envoûtement béninois hélas trahi en français.Le Fa sonne faux. Les Enfants du Fa, au Théâtre international de langue française (parc de La Villette) jusqu'à ce soir, à 20 h 30. Rés. au 01 40 03 93 95. Tarif unique le mercredi à 50 F. Inauguration de l'Atelier (5, rue du Plateau, 75019), les 28, 29, 30, 31 mai de 11h à 21h. Rens. 01 42 41 28 22.

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publié le 12 mai 1999 à 0h58

Enveloppé dans un grand manteau noir, hiératique, l'acteur béninois

Alougbine Dine roule les mots en langue yoruba. Insensiblement, la parole devient chant, le corps se met en mouvement. «Je viens de vous dire bonjour. Vos oreilles sont-elles dans ma bouche?» Présenté au Théâtre international de langue française, à La Villette, les Enfants du Fa (nom donné à la mystique vaudou le long des côtes du golfe de Guinée, ndlr) offrent un début prometteur. Jusqu'à ce que l'irruption du texte français de Gilles Zaepffel, qui signe aussi la mise en scène, flanque tout par terre. Du projet de l'artiste africain, autour des signes divinatoires vaudous dans le quotidien de son enfance, ne reste qu'un tissu de clichés bons sentiments. Assez vite, le spectacle vire au quart d'heure folklorique pour petits Blancs néophytes. On ne comprend pas pourquoi l'acteur ­ que l'on admirait la minute d'avant ­ s'agite avec des mots qui ne lui ressemblent pas. La déco (difficile de parler de scénographie) et le dispositif frontal accentuent la couleur néocoloniale et notre agacement.

Visage d'idole. Reste deux bonnes idées. L'utilisation d'un haut-parleur auquel on aurait bricolé un visage d'idole dans l'arrière-boutique d'un boui-boui pour servir la bonne parole du Fa. Et l'exposition des plaques minéralogiques des taxis-motos du Bénin, présentée dans le hall du théâtre et réalisée par Alougbine Dine et Paule Kingleur. Ces engins affichent le tempérament ou la philosophie du chauffeur: «tonton gentil»,