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Libération

Une trouble histoire de l'art.L'historien Feliciano accuse le marchand Wildenstein de collaboration.

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publié le 13 mai 1999 à 0h59

Hector Feliciano, dont tout le monde reconnaît qu'il a réveillé les

consciences en publiant, en 1995, une enquête sur le pillage systématique des oeuvres d'art par les nazis (1), a-t-il pu à l'occasion pécher par négligence ou même mauvaise foi en se laissant emporter par ses recherches? La famille de marchands d'art Wildenstein le croit, qui l'a attaqué devant le tribunal civil de Paris pour «faute», en l'accusant d'avoir manqué à ses devoirs d'historien. L'audience qui s'est déroulée hier a ainsi jeté un faible rayon de lumière sur les ombres et pénombres de l'Occupation, pendant laquelle le marché de l'art a été particulièrement lucratif.

Les Wildenstein, qui cultivent le secret, représentent un véritable mythe dans le monde de l'art. Ayant accumulé une fortune considérable, ils sont crédités d'un fabuleux stock de peintures. Georges Wildenstein, décédé en 1963, a fui la France occupée, début 1941, pour les Etats-Unis avec sa famille, tandis que les nazis faisaient main basse sur plus de 500 de ses tableaux. En 1946, pourtant, les services américains, dressant un rapport sur le pillage, font figurer son nom dans une liste de marchands suspects de collaboration avec les Allemands. Son fils Daniel, aujourd'hui âgé de 82 ans, et ses petits-fils, Alec et Guy, 48 et 43 ans, font cependant valoir que ce rapport est contesté pour son aspect unilatéral.

Feliciano écrit dans son livre: «Les Wildenstein ont leurs entrées auprès des nazis. Georges Wildenstein semble avoir exploité ses