Marana Simhasanam, réalisé par Murali Nair, est un film du Kerala,
cette province indienne qui présente la double singularité d'être énormément communiste et complètement cinéphile, puisqu'elle produit autant de films autochtones que d'orthodoxies marxistes. Murali Nair semble avoir pilé dans le même creuset ces deux épices corsées.
Dans un petit village dominé par un potentat ancestral, un paysan pauvre se voit promu héros de la cause prolétarienne dès lors qu'il a volé nuitamment trois noix de coco. Comme son affaire se complique d'une accusation de meurtre politique, il est condamné à mort. Pour cause de propagande, le Parti prend en charge sa défense ainsi que la survie de son épouse et de son jeune fils. On en est à cet état de pittoresque documentaire lorsque soudain le film donne un coup de volant inattendu qui envoie dinguer le récit dans un hors-champ qu'on n'avait vraiment pas vu venir: les journaux se font l'écho d'un nouveau modèle de chaise électrique fabriqué aux Etats-Unis, qui allie le dernier cri de l'électronique à la promesse d'une exécution indolore. A partir de là, le héros est héroïque au carré: sa mort prouvera à la fois que le Kerala est une contrée progressiste et d'autre part qu'il y a motif à réconciliation nationale autour d'une exécution «moderne».
Le charme surréaliste du film, c'est qu'il dit et montre cette logique de terreur avec une candeur feinte et une froideur déterminée qui la rendent d'autant plus démente. Et l'on assiste à une escalade de