Cela n'est pas arrivé souvent: Caetano Veloso est actuellement
numéro un des ventes de singles au Brésil, devant les Backstreet Boys, avec Soizinho («Tout seul»), un extrait de son album live Prenda Minha («Mon trésor»). «C'est une histoire surprenante, confie-t-il dans la voiture qui l'emmène à la Maison de la radio. Lors d'un concert à Rio, dans la partie où je suis seul à la guitare, je racontais au public que j'aimais beaucoup ce succès de Sandra de Sà, mais que j'avais renoncé à l'inclure dans le récital après avoir écouté la merveilleuse version qu'en a fait Tim Maia. Et puis je l'ai quand même chantée, sans préparation, au feeling. Le concert était enregistré et Soizinho s'est retrouvé sur le live, sans la partie parlée. Le succès m'a surpris, mais il est vrai que mes chansons qui ont le mieux marché commercialement sont celles où je chante en m'accompagnant à la guitare.» Trente ans plus tard. Place de l'Etoile, Caetano Veloso s'interrompt pour observer la fanfare militaire qui, sous l'Arc de triomphe, sort des étuis tubas, saxos, clarinettes. Sa découverte de la capitale remonte à trente ans, une escale de quelques jours avant deux ans d'exil à Londres. Dans son livre Verdade Tropical, paru en 1997, il se souvient de la proverbiale mauvaise humeur des Parisiens et fait le récit surréaliste de son départ du Brésil: avec son complice Gilberto Gil, il avait été invité à quitter le pays par le régime militaire, qui l'avait interdit de concerts et jeté deux mois en priso