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Libération
Critique

Via un mélo en milieu ultra-orthodoxe, l'Israélien Amos Gitaï s'attaque de front à l'intégrisme religieux. «Kadosh» carrément rabbin-joie Kadosh (Israël, en compétition) d'Amos Gitaï, avec Yaël Abecassis, Yoram Hattab, Meital Barda, Uri Ran Klauzner et Yussef Abu Varda; 1 h 50.

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publié le 14 mai 1999 à 1h01

Une chambre, deux lits, un homme et une femme endormis séparément.

L'homme se réveille et entame une série de prières. Long et calme plan-séquence empreint d'une tristesse discrète. C'est vrai ça, comment vivait-on avec la religion, avant? Ce n'est pas avant, c'est aujourd'hui, à Jérusalem, dans l'enclave ultra-orthodoxe de Mea Shearim qui résiste orgueilleusement, dans un dénuement ascétique, à tout: au capitalisme, à la mondialisation, au nationalisme étatique, à l'évolution du judaïsme. Meïr et Rivka sont mariés depuis dix ans et n'ont pas d'enfants. Qu'en dit le Talmud? Malka, la soeur de Rivka, aime Yaakov, qui a démérité et n'est plus considéré comme un bon juif; qu'en dit le Talmud? Féminisme assumé. Kadosh («Sacré») constitue le troisième volet d'une trilogie sur des villes d'Israël (après Devarim, sur Tel Aviv, et Yom Yom, sur Haïfa) d'Amos Gitaï, l'un des rares cinéastes israéliens (plus généralement c'est tout le Moyen-Orient qui manque d'images, de fiction). Proche des Palestiniens, exilé dans son propre pays, il est toujours sur la brèche d'un cinéma réaliste, souvent documentaire, qui lutte contre l'endoctrinement quel qu'en soit le camp.

Pour le coup, il y a du boulot. Le rabbin et ses sbires ne plaisantent pas. Meïr doit répudier Rivka car une femme qui ne donne pas d'enfants n'est pas une femme, et Malka doit épouser Yossef qu'elle ne connaît pas, et qui la culbutera le soir de leurs noces dans une scène de viol conjugal d'une rare violence. Amos Gitaï inst