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Libération
Enquête

L'Afrique impatiente à la porte du rap.La coopération entre rappeurs français et africains se heurte au marché.

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publié le 15 mai 1999 à 1h02

Le Matador n'avait pas les moyens de se payer l'entrée du concert du

festival de rap français à Abidjan. 10 000 francs CFA, «la popote d'une famille modeste pendant un mois». Alors il interpellait les rappeurs français à la sortie des boîtes de nuit du Plateau et les défiaient en improvisation, leur servant tout chaud sa rage dans son dialecte, assaisonné d'anglais et de français. Kool Shen, Lord Kossity, Busta Flex, Zoxea, les Sages Poètes de la Rue, Oxmo Puccino et D-Abuz System venaient de donner un concert au Palais des Congrès de l'hôtel Ivoire devant 2 000 personnes déchaînées, dont un bon quart a forcé les portes pour ne pas avoir à payer. Les artistes sont tous venus sans demander de cachet. C'était début mars et pendant quatre jours ils n'auront pas vu grand-chose du Continent et rencontré très peu de leurs homologues ivoiriens. Seules les rencontres impromptues avec Le Matador ou avec Almighty, venu improviser au bar de l'hôtel, leur permettront de réaliser l'impact du rap français en Afrique. Zoxea, membre des Sages Poètes de la Rue et du posse IV My People de Kool Shen, en redemande: «J'ai dit à plein de gens que je reviendrai, tout le monde m'a pris pour un fou», raconte t-il. «Je suis reparti un mois après. J'ai commencé par faire une ou deux radios pour dire aux gens que j'étais là et leur expliquer que ma venue était motivée par la volonté de construire un pont entre Paris et Abidjan. Je suis africain et musicien avant tout et j'ai besoin de m'ouvrir à d'autr