Hasard des projos cannoises, hier, pas moins de quatre films anglais
se bousculaient dans les couloirs des différentes sélections: le pas si mal Hold Back the Night, de Phil Davis (une fugueuse en rupture d'inceste, un écolo à dreadlocks et une vieille gouine mourante, il fallait oser!), Ratcatcher, de Lynne Ramsay, le truculent East is East, de Damien O'Donnell, dans la lignée des premiers Stephen Frears, et Wonderland, de Michael Winterbottom.
Ce que les festivals internationaux ou les sorties françaises nous renvoient du cinéma anglais se résume souvent, grosso modo et toutes nuances stylistiques confondues, au seul «cinéma social», remâchant à plaisir, et non sans une certaine complaisance mélo ou esthétisante, la misère noire héritée de la décennie ultralibérale du thatchérisme et de sa succession. Ces travers peuvent atteindre à une forme de digression assez narcissique quand une jeune cinéaste s'en empare, telle Lynne Ramsay (lire aussi page 32), sûrement armée des meilleures intentions, mais qui, à force de fixer dans les yeux la gabegie glauque dans laquelle ses prolos se débattent, finit surtout par lister la quasi-intégralité des clichés du genre dans un concentré Ken Loach-Bill Douglas indigeste.
La surprise du chef est venue de Michael Winterbottom, dont Wonderland était présenté en compétition officielle. Un cinéaste caméléon qui, après un premier Butterfly Kiss sado-maso réussi, a semblé vouloir investir, en les ratant systématiquement, tous les types de cinéma q