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Libération
Critique

Sélection officielle. Un chant d'amour libertin et généreux d'Almodovar. Tout feu tout femmes. Tout sur ma mère (Espagne) de Pedro Almodovar, avec Cecilia Roth, Marisa Paredes, Candela Pena, Antonio San Juan, Penelope Cruz et Rosa Maria Sarda; 1 h 40. Sortie en salles le 19 mai.

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publié le 17 mai 1999 à 1h02

On sait que Dieu, dans son infini bordel, inventa tout à l'envers.

D'abord l'homme, ensuite la femme, alors que depuis pas mal de millénaires l'éternel retour des enfants s'obstine à lui donner tort: jusqu'à nouvel ordre, les hommes procèdent des femmes et non l'inverse. Avec Tout sur ma mère (Todo Sobre Mi Madre), Pedro Almodovar, testamentaire au sens biblique, a filmé son origine du monde et corrigé l'erreur (lire aussi page 30). «Ma mère» comme on disait «ma mère, la Terre» dans la mythologie antique. Tout sur ma mère, c'est-à-dire tout sur les femmes, qu'elles soient mère en effet, mais aussi fille et enfant, soeur et bonne soeur, pute et sainte, travelo et transsexuelle, voire toutes ces figures à la fois. Ce qui pourrait paraître lourd à porter pour un seul cinéaste.

Madones allumées. Pour transcender ce fardeau en baluchon léger, Almodovar a eu une idée simple, une idée de cinéma. Tout sur ma mère est une gigantesque cathédrale dévolue au culte d'un être suprêmement cinématographique: l'actrice. Certes, les belles éternelles, comme Bette Davis et Romy Schneider, nommées dans la dédicace finale, mais surtout les grandes vivantes de son film qui doivent toutes être citées à l'ordre du mérite cinématographique: Cecilia Roth, Marisa Paredes, Candela Pena, Penelope Cruz, Antonia San Juan, Rosa Maria Sarda et Toni Canto, garçon-fille qui joue Lola. Mais si dévotion il y a, elle ne confine pas à la bigoterie.

Cette église saturée de madones allumées est surtout une crypte paï