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Libération
Interview

Action! Emmanuel Finkiel. Réalisateur de «Voyages».Filmer de dos, à bonne distance.

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publié le 18 mai 1999 à 1h04

Dans Voyages, trois femmes presque au bout de leurs vies cherchent

encore leur vraie place. Il était assez naturel qu'Emmanuel Finkiel, 38 ans, se soit posé la question de celle de la caméra. Qu'il n'utilise pas toujours pour cadrer ses personnages de face.

«Ça paraît difficile à croire, mais les plans de dos n'étaient pas délibérés. La plupart des gens qui ont vu le film m'ont dit à quel point ça les avait marqués, et là, oui, j'ai pris conscience du fait que j'avais parfois filmé les personnages de dos. Il est assez fréquent dans la vie, quand on marche dans la rue, par exemple, de ne pas se rappeler les visages que l'on a croisés. Mais d'être marqué, en revanche, par l'impression que produisent certaines personnes, par leur silhouette, une fois qu'elles ont tourné le coin de la rue.

Le plan de dos introduit une distance sans que l'on quitte vraiment le point de vue du personnage. Mais c'est aussi lui donner le droit à une certaine part de mystère. Vu la thématique plutôt lourde de l'histoire, plusieurs genres étaient envisageables. Je ne voulais pas faire un film où la fiction n'aurait été qu'un prétexte à accumuler des témoignages. Et, paradoxalement, filmer les personnages de dos me donne l'impression que les protagonistes échappent un peu à la fiction. Ne serait-ce que parce qu'on ne voit pas l'expression de leur visage. La fatigue de Véra, la vieille dame russe de la troisième histoire, je ne lui aurais jamais demandé de la jouer. Mais son corps raconte ça. Filmer de do