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Libération
Critique

Le cinéaste allemand évoque sa relation passionnelle avec l'acteur Klaus Kinski. Kinski-Herzog, fous alliés Mein Liebster Feind (Allemagne, hors compétition) documentaire de Werner Herzog; 1 h 35.

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publié le 18 mai 1999 à 0h59

Dans Mon ennemi intime, Werner Herzog se parle à lui-même. Face à la

caméra, il raconte sa relation fracassante avec le fou dangereux Klaus Kinski, son alter ego exorbité avec qui il tourna quatre films entre 1972 (Aguirre, la colère de Dieu) et 1987 (Cobra Verde). Ce film-documentaire absolument passionnant est construit de telle sorte que l'on pourrait croire qu'un tiers ­ journaliste, cinéaste, fan ­ a décidé de se pencher sur ce couple de cinéma proche du cabanon; or, manifestement, personne ne peut ou n'a jamais eu l'envie de se glisser dans cette fournaise psychotique. En fait, seul Kinski pouvait parler de Herzog ­ et il ne s'en est d'ailleurs pas privé dans son autobiographie (lire aussi page 41) ­, et seul Herzog pouvait évoquer Kinski. C'est simplement à celui qui aura le dernier mot, et qui décidera ce qui, de la légende ou de l'Histoire, peut être dit.

Accès de démence. C'est le récit d'une passion ravageuse. L'acteur à tête de Gorgone est mort en 1991; le cinéaste-écrivain, lui, dévisse mais ne lâche pas. Il entre dans ce docu la poitrine oppressée, sur les lieux mêmes de son enfance, un appartement munichois où il côtoiera, dès l'âge de 5 ans, pour la première fois, le jeune Klaus déjà maudit, se prenant déjà pour Jésus, «le vrai, pas celui des flics, des fonctionnaires et du pouvoir», vivant nu dans une chambrette de bonne au sol jonché de feuilles mortes. Des accès de démence et de destruction poussent alors Kinski à s'enfermer des journées entières dans la sal