Des bus, on en trouve dans pas mal de films cannois. Dans Flores de
otro mundo, d'Iciar Bollain, un autocar convoie des femmes dans un village qui organise un bal des célibataires pour tenter de se repeupler. Dans Siam Sunset, de John Polson, un bus devient le refuge improvisé et le lieu du coup de foudre de deux fuyards. Dans Ratcatcher, c'est la seule échappatoire vers un ailleurs rêvé. Instruments de passage, espaces collectifs, les bus sont également nombreux dans Voyages, d'Emmanuel Finkiel. Mais ceux-là ne foncent pas vers l'avenir, ils roulent vers le passé.
Le premier traverse la Pologne, direction Auschwitz. A bord, des vieux, des vieilles, un fils qui accompagne son père, des couples. Tous juifs. On sent leurs pensées concentrées sur d'intransmissibles souvenirs mais, à travers la vitre, leurs regards scrutent avec incrédulité l'existence contemporaine de cette Pologne si terriblement ancrée dans l'identité ashkénaze. Est-ce possible que ce pays vaque comme si de rien n'avait été? Dans le bus, Riwka. Elle vit en Israël, elle vivait à Belleville avant la guerre, ses parents et ses soeurs ont été déportés. Sa souffrance inguérissable, son mari ne la supporte plus («Qu'est-ce que tu cherches ici? Tu ressasses toujours les mêmes histoires»). Riwka s'isole.
Panne de moteur, immobilisation dans la neige, inquiétude. Réminiscences des trains de la déportation. Dans un autre bus qui les croise, un autre groupe en route pour le même voyage. D'autres comme soi, appartenant à