Considération de bistrot applicable à Cannes: «C'est fou ce que les
films anglais ressemblent à des films anglais, les films chinois à des films chinois, les films américains à des films américains, etc.» Ce qui tendrait à rappeler que le réel de chaque pays, même reconstitué, déformé ou fantasmé, résiste à la fiction, et que les exceptions culturelles des uns et des autres ne sont pas des vessies. Heureusement, il y a toujours des ovnis qui ne ressemblent à rien ni à personne; et puis il y a des films qui bien que très éloignés géographiquement ont l'air de s'envoyer des signes. Ainsi la Coupe, du lama tibétain né au Bouthan Khyentse Norbu, et Flores de Otro Mundo, de l'actrice madrilène Iciar Bollain, situés respectivement dans un monastère bouddhiste perdu sur les contreforts de l'Himalaya et dans un village paumé du sud de l'Espagne.
Monastère et village perdu. Derrière la bienveillance et la sérénité avec lesquelles le supérieur Geko surpervise l'éducation d'une poignée de moinillons se cachent des enjeux importants. Ce monastère exilé en Inde est une position avancée de la résistance tibétaine à l'occupant chinois. Situation qui ne pèse pas lourd aux yeux d'Orgyen, 13 ans à tout casser, qui ne pense qu'à une chose: la Coupe du monde de foot. Alors qu'on prévoit un film méditatif sur le choc des cultures et la mondialisation (les annotations en ce sens, effectivement, ne manquent pas), la Coupe prend le maquis pour y improviser un remake des Quatre Cents Coups. Le monast