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Libération
Critique

Inégal mais attachant, le portrait doux-amer d'une pervenche «montée» à Paris. «Le Bleu» a de l'âme. Le Bleu des villes (France, Quinzaine des réalisateurs, premier film) de Stéphane Brizé, avec Florence Vignon, Mathilde Seigner, Antoine Chappey; 1 h 45.

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publié le 19 mai 1999 à 1h05

Voilà un film au démarrage ingrat qui, peu à peu, gagne et notre

confiance et ses galons: le Bleu des villes, premier long métrage de Stéphane Brizé, qui en cosigne le scénario avec l'interprète principale, Florence Vignon. Rien n'est banal dans cette histoire qui commence à Tours, ville endormie où végète Solange, pervenche insatisfaite de son destin. On la comprend: insultée par les automobilistes qu'elle verbalise, Solange est de surcroît assez peu comprise de son mari (Antoine Chappey, vraiment bien). Aussi, lorsque le hasard lui fait retrouver son amie d'enfance Mylène (Mathilde Seigner, excellente), devenue starlette de la météo télévisée à Paris, elle se laisse facilement convaincre que la vraie vie est ailleurs" Même si c'est une vie faite d'échecs et de désillusions. Ainsi, sur le ton d'une petite fable pastel mais parfois coupante, le Bleu des villes installe progressivement son style et sa respiration.

Sympathie inattendue. S'il ne parvient pas à nous le rendre palpitant de bout en bout, Stéphane Brizé a du moins un vrai projet: le portrait peu conventionnel d'une femme aux prises avec les conventions. Il y a quelque chose d'un Ferrera-Barbosa au masculin dans ses manières ironiques et douces de nous faire prendre en sympathie un personnage aussi socialement caricatural qu'une contractuelle. Par petites touches (des scènes de karaoké intime où Solange réinterprète Mammy Blue, notamment), le cinéaste parvient aussi à décaler suffisamment son regard, et donc le nôtre