La promesse de merveilles sorties du chaudron politico-esthétique
chinois n'a pas été, pour le moment, véritablement tenue. Elle a d'abord été activée par la découverte cet hiver de Xiao Wu, artisan pickpocket, de Jia Zhanke, puis prolongée par la lecture récente du hors-série (d'ailleurs passionnant) des Cahiers du cinéma «Made in China». Mais elle vacille aujourd'hui devant la vision cannoise de Love Will Tear Us Apart, de Yu Likwai, de Scenery, de Zhao Jisong, ou de So Close to Paradise de Wang Xiao Shuai, tous représentant, depuis Hong-Kong ou Pékin, la jeune génération montante. On a, en effet, souvent l'impression de ne pas trop savoir ce que l'on est censé admirer dans ces films, en dehors de leur extrême qualité technique et de la spécificité de leur provenance nationale. Ainsi So Close" a-t-il fini, après trois ans de bataille, par sortir des griffes de la censure mais cela n'en fait pas pour autant un film ni très excitant, ni vraiment inventif. Derrière l'écran de fumée de l'exotisme, par-delà une réduction de ces oeuvres à leur contenu socio-culturel, il faut encore traquer le saisissement d'un geste de mise en scène un peu radical, un peu terrassant. Or la lenteur appuyée de Love Will" ou la splendeur léchée de Scenery paraissent s'en tenir à une neurasthénie de surface, violemment soporifique. Certes, on en sort convaincu que le moral des forces de contestation ne vont pas fort en Chine, dix ans après Tian Anmen, deux ans après le choc de la rétrocession de Hon