Haut les coeurs ! est le film de deux femmes en guerre. La réalisatrice Solveig Anspach et l'actrice Karin Viard. Parce qu'on n'est pas trop de deux combattantes pour encercler le sujet impressionnant d'un film dont la réalisatrice ne cache pas qu'il est autobiographique. Enceinte de son premier enfant, une jeune femme, Emma, apprend qu'elle a un cancer du sein déjà bien avancé. Le chirurgien lui annonce en outre qu'elle devra avorter, la radio- thérapie qu'il préconise étant incompatible avec sa grossesse. Voilà ce qu'il faut encaisser comme un direct dans le plexus. Un coup de poing d'autant plus violent qu'il est porté au ralenti sous l'anesthésique puissant injecté par les images qui accompagnent cette exposition: froides, cliniques, ascètes.
Sans pathos. Autant dire qu'un premier danger est tout de suite écarté. Haut les coeurs! ne fait pas pleurer. Sa manière de raconter est trop grave pour qu'on s'adonne à la consolation des larmes. Ce qui interdit du coup qu'on minaude trop longtemps dans la circonvolution critique. Haut les coeurs!, à l'instar de son titre, exige qu'on se lance vers lui les bras grands ouverts. Primo, pour remercier Solveig Anspach d'avoir su inventer une fiction qui se collette la vie-l'amour-la mort sans verser dans le fossé du pathos. Secundo, pour enlacer Karin Viard et l'embrasser d'être une actrice au-delà de l'excellence. En précisant qu'il est impensable qu'elle puisse être cette actrice sensationnelle, si elle n'était par ailleurs u