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Critique

ARTS. Martine Aballéa a installé son Hôtel Passager au musée d'Art moderne de la Ville de Paris. Désorientant, ludique et engageant pour l'art de la sieste. Prendre une chambre au musée. Hôtel Passager, de Martine Aballéa, musée d'Art moderne de la Ville de Paris, 11, avenue du Président-Wilson 75116 Paris. Tél.: 01 53 67 50 00. Jusqu'au 19 septembre 1999.

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publié le 26 mai 1999 à 1h11

«L'hôtel est complet, mais toute la journée on fait des exceptions»,

c'est ainsi qu'on vous accueille au musée d'Art moderne de la Ville de Paris lorsque vous atteignez le desk de l'«Hôtel Passager». Une enseigne clignotante aux néons bleu et vert dans un couloir, puis un sas d'entrée complètement noir, puis une double porte à battants marquée du mot «bienvenue». La réception est là, avec son casier à clefs (99 numéros de chambre) et cette mention décevante, «complet», qui invite néanmoins à entrer. Ce paradoxe est peut-être la meilleure définition de l'hôtel, dans lequel on va néanmoins pénétrer. Car l'«Hôtel Passager» n'est pas complètement de «notre» monde, il n'est pas totalement dans la réalité (d'ailleurs, on ne peut pas y dormir, le musée ouvrant à 10 heures et fermant à 17 h 30). L'«Hôtel Passager» est plutôt un «Hôtel Somnanbule», flottant au son d'une curieuse muzak russe diffusée en permanence. Visitons.

Couloirs. Le bar-restaurant est couleur parme-Nymphéas, bleu ciel, vert d'eau, comme tous les autres murs. Tables et chaises dorées invitent à s'asseoir, mais pas pour boire ni pour manger: dans des vitrines, quelques petites coupettes contiennent des boulettes colorées de papier. L'une des seules concessions à l'anecdote. Ça ressemble à des nourritures dans un hôtel de quelque ancien pays de l'Est. Confiseries immangeables: mais, de toute façon, l'«Hôtel Passager» n'en appelle guère à l'oralité, ni à l'analité d'ailleurs, étant donné qu'il ne possède ni toilettes