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Libération

CLASSIQUE. Le ténor argentin de 36 ans, adoubé par Placido Domingo, est en récital à Paris. José Cura, le tragédien de l'opéra. José Cura, ténor Orchestre national de France, dir. L. Garcia Navarro. Ce soir à 20 h 30 au Théâtre des Champs-Elysées, loc. 01 49 52 50 50.

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publié le 27 mai 1999 à 1h12

Réflexe millénariste? Signe de décadence ou de renaissance? C'est un

fait, comme leurs confrères peintres, écrivains et artistes rock, les musiciens classiques sont obsédés par les grands modèles du passé. Sans aller jusqu'à parler de clones, il semble indéniable qu'un Roberto Alagna pense beaucoup à Pavarotti et à Corelli quand il chante. Ce qui n'ôte rien à ses qualités expressives et à son charisme. L'Argentin José Cura, Don José dans la reprise de Carmen à la Bastille il y a quelques mois, évoquerait plutôt Domingo, voire Del Monaco. Qui se plaindra du fait que de jeunes vocalistes ayant grandi dans la pop des années 70 cherchent à faire revivre à leur manière une tradition lyrique populaire? Même si, à vouloir aller trop vite, certains d'entre eux prennent le risque de rôles trop lourds, de défauts d'émission et d'attaque, ou de notes à la justesse approximative.

Comme Alagna, Cura est un grand enthousiaste. De Tosca à la Bohême en passant par Turandot, son premier CD chez Erato avait déjà des allures de bilan. Désespoir, tendresse, gaîté, colère, «aucune émotion de la palette puccinienne ne m'est étrangère», semblait-il déclarer. Cette ambition superlative ne fut pas au goût de tous. Mais un Samson et Dalila de Saint-Saëns dirigé par Colin Davis allait faire l'unanimité. Colosse entravé par ses chaînes, le macho doté d'un timbre sombre et riche, d'un aigu flamboyant, mais surtout des très solides médiums indispensables au rôle, rugissait comme la plus belle des mécanique