La huitième édition des Inaccoutumés confirme une fois encore
l'intérêt du pari engagé par la Ménagerie de verre pour la découverte de nouveaux courants chorégraphiques. Espace laboratoire, la Ménagerie est le seul lieu à Paris où le public se trouve en prise directe avec ce qui se fait de plus expérimental sur la jeune scène internationale. L'architecture de cave alternative colle complètement au propos.
Puissante ouverture du festival, le Canadien Benoît Lachambre a su habiter au mieux les contraintes de l'espace. Vidéo performance, installation plastique, intervention sonore, poésie, Délire défait créé cette année à Montréal dans sa version intégrale et présenté ce soir, 21h, à Tours au Choré-graphique déborde les différents champs de la création pour poser une question avant tout chorégraphique. Celle du corps-sujet, de sa réalité et de ses limites physiques, mentales et morales.
Ce sont d'abord les mots, l'articulation particulière de sa langue, qui entrent en mouvement. Quand face à la caméra, il parle de junkie, de prison, de films sur les animaux, d'enfermement. Soudain son corps se trouve à l'étroit, sa tête heurte les rebords du téléviseur, ses yeux très bleus s'allument à la folie et il laisse échapper de terrifiants cris de corbeau.
Mise en jeu radicale. Comme en transe, ses pieds, ses épaules, sa tête cognent le béton. Le sol marqué comme pour un jeu de ballon, la scène balisée à la manière d'un chantier dessinent un terrain très mâle où Benoît Lachambre assène