Montréal de notre correspondant.
Le documentariste québécois Pierre Perrault est mort dans la nuit de mercredi à jeudi d'une leucémie, à la veille de ses 72 ans.
Dans un improbable arbre généalogique, on le verrait volontiers «descendre» de l'Américain Robert Flaherty. Sans doute à cause de la pêche au gros celle au requin dans l'Homme de l'île d'Aran ou celle au marsouin, reprise en 1962 dans Pour la suite du monde. On lui trouverait aussi un cousinage avec le Français Jean Rouch, pour son «cinéma direct» ou son «cinéma du vécu».
Les marins du Saint-Laurent. Fils d'un riche marchand de bois né à Montréal, Pierre Perrault a quitté son milieu érudit pour découvrir la parole; une parole qu'il a, dès lors, plus volontiers donnée que prise. «J'ai abandonné mes études classiques (mon ailleurs), rappelait-il en 1993 sur les ondes de Radio Canada, pour endosser un ici passé sous silence, une géographie à peine et mal nommée ["] J'étais familier en langue étrangère et étranger dans la parlure familière.» Jean-Daniel Lafond, son émule et hagiographe (1), résume ainsi son parcours: «A la fin des années 50, un jeune homme fuyait le barreau auquel ses études l'avaient destiné et rêvait d'un royaume de surhommes, de trappeurs, de chasseurs fabuleux, de pêcheurs habiles, de constructeurs de goélettes, d'agriculteurs maîtres chez eux, de conteurs merveilleux, de violoneux endiablés" Quittant la ville, l'université, le hockey, la littérature française dans un même mouvement, il se découvra