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Libération
Critique

JAZZ. Retrouvailles des deux anciens musiciens de dixieland convertis au free. Lacy fidèle à Rudd. Steve Lacy trio invite Roswell Rudd, ce soir et demain à 20 h 30 et 22 h 30 au Duc des Lombards, 42, rue des Lombards, Paris Ier (01 42 33 22 88).

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publié le 29 juin 1999 à 23h04

L'un fourbit ses clefs et l'autre coulisse. L'un enregistre à tour

de bras, l'autre semble bouder les studios. Pourtant, tout deux présentent une étrange singularité. Steven Norman Lackritz, alias Steve Lacy, né à New York le 23 juillet 1934, et Roswell Hopkins, Jr. Rudd, né à Sharon, Connecticut, le 17 novembre 1935, figures incontournables de la scène du jazz contemporain, ont en effet commencé par faire sautiller les amateurs de musique dixieland (Lacy préfère parler de «society»), avant de se jeter résolument, un peu comme on saute à l'élastique, dans le maelstrom du free.

A vrai dire, la «dégringolade» (terme utilisé par les tenants de la tradition) en question n'a pas été aussi abrupte qu'on le prétend. Avant de se commettre en compagnie de Cecil Taylor, Ornette Coleman, Bobby Bradford (pour Lacy), d'Albert Ayler, John Tchicai, Archie Shepp, le Liberation Music Orchestra (pour Rudd), les deux musiciens ont séjourné un certain temps dans une espèce de sas de décompression qui leur a permis, ultime étape précédant le grand plongeon vers l'inconnu, de se familiariser avec les univers de deux pianistes atypiques, et donc, à l'époque, passablement incompris: Herbie Nichols et Thelonious Monk «Herbie était poète autant qu'il était musicien, assure Roswell Rudd. Lorsque j'ai eu affaire à lui, j'ai réalisé que tout ce que j'avais pu apprendre auparavant ne pesait pas lourd à côté de ce qu'il était à même de m'apporter. Mais, à part le fait qu'il ait réalisé l'importance de Monk