Aux XVIe et XVIIe siècles, les peintres hollandais ont fait des
natures mortes leur hobby. La représentation de la nature morte s'est développée comme une véritable petite industrie dans les Pays-Bas de l'époque, une des plus riches puissances européennes. Pourquoi? On ne le sait pas exactement, indique Alan Chong, ancien conservateur de Cleveland et commissaire de la présente exposition (1). Mais on peut supposer que ce fut aussi un moyen pour les artistes de s'extraire de la peinture religieuse sans trop choquer. Pour preuve, le tableau n° 1 de l'exposition, récemment découvert à l'occasion d'une vente aux enchères à Londres, qu'il présente comme «peut-être la première nature morte». La peinture est datée 10 mars 1551. Peter Aertsen a représenté en grand format dans des rouges et roses électriques, un étal de boucher au milieu duquel une tête de veau écorchée saute aux yeux du spectateur. Mais, en fond, il se doit de faire figurer un épisode de la Fuite en Egypte" La vision de cette scène sainte en arrière des jambons, quartiers de boeuf et boudins dégoulinants a quelque chose de rafraîchissant.
Entre méditation et lyrisme. Les premiers florilèges sont aussi revêtus de l'alibi de la science, d'autant que la découverte de nouveaux continents va susciter un grand intérêt pour la flore exotique. Grands bourgeois et aristocrates s'arrachent les meilleurs artistes pour faire figurer des natures mortes dans leurs intérieurs certains maîtres se faisaient payer des sommes considér