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Critique

ARTS. A Paris, approche originale de la peinture française dite «des années 50», via des oeuvres qui défont pour refaire. Après l'abstraction, la dispersion. La peinture après l'abstraction, 1955-1975, jusqu'au 19 septembre au musée d'Art moderne de la Ville de Paris, 11, avenue du Président-Wilson, Paris XVIe; tél.: 01 53 67 40 00. Catalogue (244 pp, 320 F).

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publié le 3 juillet 1999 à 23h52

La peinture après l'abstraction, qui réunit cinq artistes sur une

surface équivalente à celle de la rétrospective Rothko, est une petite merveille d'exposition. Pourquoi ? Parce qu'elle opère un travail critique ­ une opération intellectuelle ­ tout en restant «exposition»: la démonstration critique se fait par le biais de la monstration d'oeuvres d'art ; en l'occurrence, de tableaux. Il s'agit en effet de dépoussiérer cette nébuleuse moyennement intéressante connue sous le nom de «peinture française des années cinquante», pour se placer ailleurs, proposer une autre chronologie. D'où l'intitulé «peinture après l'abstraction», qu'il ne faudrait pas comprendre comme «retour de la figuration», mais plutôt «perte en certitudes».

Cinq artistes. Les commissaires de l'exposition Alain Cueff et Béatrice Parent ont choisi des artistes d'une même génération, français ou vivant en France : Martin Barré, Jean Degottex (tous deux décédés) Simon Hantaï, Raymond Hains et Jacques Villéglé (qui vivent et travaillent au présent). Cinq artistes connus des amateurs, mais pas toujours des mêmes car ils ne forment aucun groupe, aucun mouvement répertorié. Ils se sont connus certes, mais pas tous ensemble. Trois, par exemple (Barré, Hains, Villéglé) ont exposé dans la même Première Biennale de Paris en 1959, une manifestation qui se voulait internationale, oecuménique, contemporaine. Mais s'il part de préoccupations communes, le parcours de l'exposition ne laisse pas ignorer que leurs destins d'a