Menu
Libération

Boudés par le public, mal distribués, pas soutenusLe critique turc indépendant Mehmet Basutçu détaille la situation des jeunes cinéastes de son pays.

Article réservé aux abonnés
par Mehmet BASUTÇU
publié le 7 juillet 1999 à 23h49

Plus de quinze ans après Yol (1982) de Serif Gören et Yilmaz Güney,

c'est la première fois que deux films turcs bénéficient en France d'une distribution sérieuse. Ce n'est certes pas un hasard si Marin Karmitz, distributeur des films de Güney, puis producteur de sa dernière réalisation, le Mur (Duvar, 1983), se trouve à l'origine de cette initiative. Aller vers le soleil (Günese Yolculuk, 1999) et Innocence (Masumiyet, 1997), seconds longs métrages de leurs jeunes auteurs respectifs, sont deux exemples réussis de films politiques modernes. Ils témoignent du renouveau du cinéma turc comme de l'évolution rapide de la société turque sur les plans politique et cinématographique.

Yesim Ustaoglu et Zeki Demirkubuz se placent d'ores et déjà en tête du nouvel élan qui parcourt le cinéma turc après la crise aiguë des années 80, et la disparition du cinéma commercial de Yesilçam (1). Il faut y ajouter, dans l'ordre subjectif d'une appréciation personnelle, les noms de Dervis Zaim, Nuri Bilge Ceylan, Reha Erdem, Kutlug Ataman. Reis Çelik et Mustafa Altioklar.

Les jeunes cinéastes ont su tirer les leçons des périodes d'intervention militaire, à l'origine de la dépolitisation des années 80. Leurs personnages, ambigus et contradictoires, sont solidement ancrés dans la réalité du pays; ils s'interrogent, cherchent de nouvelles voies. La mise en scène est plus soignée, le scénario mieux travaillé et le niveau technique, en moyenne, bien meilleur qu'auparavant, notamment grâce aux coproductions