Vu au prisme de l'exposition formidable, la première en France
depuis 1968 qui, à Marseille, remplit les trois étages du musée Cantini, Oskar Schlemmer (1888-1943) évoque à la fois Fernand Léger, Léonard de Vinci et Paul Cézanne. Explications.
Fernand Léger. Oskar Schlemmer, né à Stuttgart, étudiant en arts appliqués, puis à l'Académie des beaux-arts de sa ville (1905-1909), fut sensible à la danse un autre mode d'expression dès 1912 (1); et à l'abstraction dès 1915 (blessé sur le front de l'Est, il décrivait dans sa chambre d'hôpital «le carré de la cage thoracique, le cercle du ventre, le cylindre du cou», etc.). Tel Fernand Léger, Oskar Schlemmer est le paradigme de «l'artiste moderne», circulant dans la modernité comme un nageur dans l'eau fluide. Traversant les différents arts, il est d'ailleurs l'un des seuls artistes à tenter une synthèse unissant les figures dans ses tableaux aux performances live, du théâtre et de la danse. Cette possibilité de synthèse lui est offerte par Walter Gropius, fondateur du Bauhaus à Weimar (1921) puis à Dessau. Enseignant au Bauhaus, Oskar Schlemmer est successivement «Maître des formes», directeur de l'atelier de peinture murale, de sculpture sur bois, organisateur de spectacles et de fêtes, voire même des tournées du «théâtre du Bauhaus» à la Volksbühne de Berlin (1925). Schlemmer incarne l'ambition syncrétique de cette école exemplaire. Parmi ses chorégraphies, son opus princeps reste le Ballet triadique. Esquissé dès 1912 et re