Menu
Libération
Critique

Brecht par le futur patron de la Schaubühne. Ostensible Ostermeier.Homme pour homme, de B. Brecht, m.s. de Thomas Ostermeier, Baraque Chabran, les 11, 12 et 13 juillet à 18h, en allemand surtitré.

Article réservé aux abonnés
publié le 12 juillet 1999 à 23h45

«Tu crois vraiment que c'est faisable, Urion, de changer un homme en

un autre homme?»Voilà résumée la question posée par Homme pour homme, épopée que Brecht conçut à 28 ans, après avoir vu à Berlin en 1919 le si russe Meyerhold faire la démonstration biomécanique de son constructivisme: escaliers, passerelles, plates-formes à roulettes et wagonnets de bois brut. Thomas Ostermeier, né en 1968 au nord de l'Allemagne et arrivé à Berlin pour étudier le théâtre en 1992, n'est donc guère plus âgé que ce jeune et nourricier Bertolt dont il déploie, devant des panneaux de bois coulissants, la saga militaro-psychologique accompagnée de percussions traditionnelles et de basse électrique: où l'on retrouve le brave pékin Galy Gay mué en soldat pour servir d'alibi à trois troufions. Et la veuve-cantinière aux seins offerts de débiter un inénarrable couplet sur la chair du poisson et la (pauvre) imagination des hommes. Outsider résolu. Avec ce classique qu'il reprend depuis deux ans, le jeune et dégingandé Ostermeier a inauguré la série des trois spectacles qui l'intronisent en Avignon: primo en tant que fondateur et patron incontesté de la Baracke ( aventure théâtrale devenue en trois ans un must berlinois), secundo, parce que Ostermeier va désormais diriger un lieu sacro-saint. Et l'Europe entière de l'attendre au tournant. Car ranimer la légendaire Schaubühne, ce théâtre jadis phare international de Berlin-Ouest, n'est pas une mince affaire. Ostermeier inaugurera son mandat pile en 20