La Charte européenne des langues régionales et minoritaires, signée
le 7 mai par le gouvernement français, suscite, depuis, d'ardentes polémiques. Les partisans dénoncent la timidité de ce traité, les adversaires agitent l'épouvantail d'une «balkanisation» de la nation française si d'aventure il était ratifié. Le refus d'une révision constitutionnelle a amené les uns et les autres à proposer l'idée d'une loi-programme sur les langues qui conduira inévitablement à une discussion parlementaire sur ce sujet à hauts risques.
Henri Meschonnic (1), professeur en linguistique, et Claude Sicre (2), membre des Fabulous Trobadors, occitaniste antirégionaliste, placent eux le débat ailleurs. Leur propos dépasse la seule question des langues et vise, espèrent-ils, à réconcilier tout le monde autour de l'idée d'une République plurielle.
Qu'est-ce qu'une langue régionale et/ou minoritaire et pourquoi doit-on la protéger?
Claude Sicre. Dans la charte, la langue minoritaire est la langue étrangère, celle des migrants, dite sans territoire. Tout le monde a focalisé les débats sur les langues régionales, car les langues minoritaires posent encore d'autres problèmes, plus complexes, et personne ne veut les traiter. Restent les langues régionales, territorialisées. Un terme que je conteste, car, pour moi, c'est déjà faire du régionalisme. Je suis étonné d'ailleurs que défenseurs et adversaires ne l'aient pas récusé. Sauf à considérer, comme le font certains régionalistes, que leur région est une na