Menu
Libération

Nobrega, le Brésilien en or. Visite au magicien de la culture populaire et à son théâtre Brincante.

Article réservé aux abonnés
publié le 15 juillet 1999 à 23h55

São Paulo, envoyé spécial.

Deux hangars au fond d'un patio, dans une petite rue calme de São Paulo, abritent depuis 1992 le Teatro Brincante d'Antonio Nobrega. Au début, il a surtout fonctionné comme salle de spectacles. Aujourd'hui, c'est d'abord un laboratoire: un lieu de recherche et de répétition, une école de danse, un atelier de construction de décors, un entrepôt pour les costumes et les accessoires, une bibliothèque. C'est aussi comme un petit morceau de Nordeste reconstitué au sud du Brésil, puisque tout ce qui s'y trouve, des tambours aux masques en passant par les toiles peintes, provient de la région natale de Nobrega. On peut le visiter comme un petit musée idéal où chaque objet a une drôle d'histoire. Ainsi, cette série de têtes cousues sur une veste. Ce sont toutes des figures du mamolungo, le théâtre populaire de marionnettes du Pernambouc. Nobrega les a trouvées un jour à l'intérieur d'une valise flottant sur une rivière. Monocycles, bicyclettes au bout d'un bâton, mannequins musiciens et animaux fantastiques se côtoient. Sur plusieurs étagères s'entassent des petits imprimés jaunis: une collection unique de quatre mille titres de littérature de colportage, ces petits poèmes chantés de villages en villages. «Auto-ethnomusicologue»: c'est l'un des premiers titres que revendique Nobrega, à la fois homme orchestre et encyclopédie vivante.

Tonheta, Arlequin brésilien. Son père, médecin à Recife, était amateur de sérénades. Très tôt, le petit Antonio, né en 1952, f