Oubliez lambris dorés, moquettes touffues et mobilier Napoléon III,
les salons de la couture alternative, c'est double living encombré de rouleaux de tissu, de patrons et de fournitures, l'atelier empiète largement sur le séjour. C'est en appartement, chez lui, que l'on découvre les ébauches de la collection automne-hiver de Pascal Humbert. Des costumes masculins qu'il féminise à l'extrême, une veste transmutée en robe, un pantalon détourné en jupe, portés sur des bustiers en tulle plissé chair ultradessinés. Chic, structurées, rigoureuses, ses tenues sont pourtant chargées d'une poésie vénéneuse. Quand on lui parle référence, il cite pêle-mêle David Bailey, Serge Lutens ou le Velvet Underground" Flamboyant et un rien déglingué, son univers tient plus du rock indé que des clichés couture. Ses cheveux grisonnants donnent à Pascal Humbert un faux air de Jim Jarmusch. A 32 ans, ce Parisien né à Mulhouse a longtemps traîné ses guêtres dans l'underground. Pourtant, Pascal Humbert n'est pas un «jeune créateur». Pas de fax déroulant jusqu'au sol des kilomètres de contrats d'exportation pour le Japon, pas de coups de téléphone abrupts de façonniers en attente de règlement, pas de stress: Pascal Humbert est l'archétype du couturier alternatif. Mais pourquoi la couture? «Parce que je fais des vêtements sophistiqués dans leur conception et donc pas forcément accessibles aux systèmes de production du prêt-à-porter, répond-il. Qui plus est, sans financier, sans industriel pour me soute