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Libération
Reportage

Avec Stepanov, l'art plombier sort du trou. A Omsk, la statue du plombier inconnu est un objet de sollicitude.

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publié le 23 juillet 1999 à 0h01

Omsk (Sibérie), envoyé spécial.

Non loin des rives de l'Irtych, une paisible statue de Lénine veille sur Omsk, ville moyenne de Sibérie, arrêt obligatoire du Transsibérien, entre Moscou et Vladivostok. Naguère, une chapelle s'élevait là sous les pieds de Vladimir Ilitch Oulianov, dit Lénine. Aujourd'hui on a entamé la reconstruction du lieu saint, non pas à son ancien emplacement, mais un peu plus loin, à quelques pas de l'Intouchable: ce n'est pas la municipalité communiste qui oserait bousculer l'icône de cet autre Dieu qu'est Lénine. Mais voilà-t-y pas que le projet de métro conçu pour cette ville de 500 000 habitants a justement prévu une station à l'endroit même où se dresse le chantier de la chapelle. Les travaux sont interrompus. Ne serait-il pas plus simple de déboulonner Lénine et d'installer là la bouche de métro? osent se demander certains, mezza voce. Ce dossier alimente les conversations et la presse locale.

L'art à hauteur de mollet. Mais il est une autre statue, oeuvre récente d'un sculpteur local, qui fait carrément exploser l'audimat, c'est Stepanov. Toute la ville connaît Stepanov. Le nom, on ne peut plus commun (sorte de Richard ou Martin), fait de lui le bien de tous et attire la sympathie de chacun. Nous sommes tous des Stepanov. Mais qui est donc ce Stepanov-là? Un plombier. Qui émerge, à peine, d'une plaque d'égout et, bras croisés à la surface de la terre, sourit vaguement. Le haut du corps de Stepanov, la plaque d'égout et l'outil (une grosse clef) du