Bien sûr, la «peau de banane» consisterait à diagnostiquer que le
cinéma d'épouvante connaît depuis deux ans une embellie telle qu'on n'osait plus l'escompter, de Scream, de Souviens-toi l'été dernier ou de The Faculty, hier, à The Haunting voire (pour les gamins) à La main qui tue, aujourd'hui, et à Day of the Dead, demain. Et à faire rentrer au chausse-pied le Projet Witch Blair présenté à la dernière Quinzaine des réalisateurs à Cannes et au festival Sundance dans l'Utah dans cette catégorie, où, d'ordinaire, les viscères côtoient la lame du boucher, comme les cris d'orfraie (sur l'écran, sinon dans la salle) le disputent à une bande-son metal souvent éprouvante. Sauf qu'aucune de ces matières primaires n'est convoquée dans un Projet Blair Witch (véritable El Mariachi du frisson, avec compte bancaire dans le rouge comme argument promo paradoxal, voir ci-après), auquel on adhère d'autant plus volontiers qu'il parvient à «booster» le genre à partir des critères les plus communs.
Sorcellerie. A commencer par cette peur panique que peut susciter la nature quand, sous ses aspects les plus familiers, elle finit par recouvrer une dimension aussi hostile qu'indomptable. C'est, en substance, ce que (ré)apprendront à leurs dépens les trois protagonistes du film, cinéastes en herbe rapidement paumés dans une forêt automnale du Maryland, où rien ne ressemble plus à un tapis de feuilles qu'un autre tapis de feuilles, ou un tronc d'arbre à un autre tronc d'arbre. Postulat certes inco