Vingt et une heure trente, place des Carmes. A l'aise dans ses
sandales, la mèche gris argent, André Benedetto discute sur le trottoir, devant le théâtre qu'il a fondé en 1963 et où, depuis, été comme hiver, il joue et met en scène les textes qu'il a écrits. Chantre de l'Occitanie, Benedetto est un pionnier, une vraie figure du off. Celui chez qui tout globe-trotter du festival finit toujours par atterrir. Passe Wladyslav Znorko: «Ça va toi? Tu as une mine de jeune homme», dit le metteur en scène qui connaît quelque déboire dans le in, à deux pas de là. «Que veux-tu, ce sont les spectateurs qui nous donnent l'énergie», répond à peu près l'autre, appuyé en père tranquille au chambranle de sa maison qualifiée par la publicité de «haut lieu de résistance à l'écoute du monde» , tout regonflé par les applaudissements qu'il vient de recueillir en solo sur sa scène, avec le Menaçant. L'un de ces textes en forme d'inachevé, «une tentative de représentation» où le patron-poète livre ses inquiétudes face à la peste brune, ses débats intérieurs d'artiste contre le racisme et l'intolérance. Sortes de pensées à voix haute, sans doute nourries de la lecture des quotidiens et d'une bonne dose de méfiance à l'égard de la télé.
Posté devant le rideau rouge, «à la recherche d'un héros tragique qui pourrait incarner le Mal», il en profite pour donner un petit cours de dramaturgie. Une télécommande à la main pour faire la lumière comme bon lui chante, bonhomme, il explique qu'oedipe, héros tr