Los Angeles, de notre correspondant.
Il suffisait d'y penser: aller dans les bois et se faire peur dans le noir. Avec cette simple idée, deux jeunes cinéastes d'Orlando (Floride), juste dans l'ombre de Disney World, sont en passe de devenir le phénomène que ne furent finalement aucun des gros bidules programmés événements de l'été, de Lucas à Kubrick en passant par Wild Wild West. Mais s'ils se sont joué des dinosaures, Dan Myrick et Eduardo Sanchez ont utilisé des procédés de marketing dignes d'Universal ou de Spielberg. Le film a peut-être coûté «le prix d'une voiture Ford», mais leur stratégie a frappé large et fort tout en restant à moindre frais. Leur usage du Web, en particulier, révèle autant de talent mystificateur que leur film: Myrick et Sanchez étaient à peine à la moitié de leur montage qu'ils avaient déjà mis leur site Blair Witch en place, fournissant un historique, des détails biographiques étoffés au fil des mois. Si bien qu'avant même la sortie de Blair Witch Project (au compte-gouttes à New York et L.A., provoquant les queues et le bouche à oreille qu'on peut imaginer, avant de disposer de plus d'écrans cette semaine), le film comptait autant d'émoustillés qu'en leur temps X-Files ou Twin Peaks.
Le tournage a aussi été radical et peu orthodoxe: les deux réalisateurs ont simplement envoyé les trois acteurs se perdre dans une forêt. On leur a donné deux jours de formation express sur le maniement de la caméra (une 16 mm et un camrecorder), et un bref entraîneme