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Critique

FESTIVAL D'AVIGNON. Tatie Bernhard. Krista Fleichman dépeint l'écrivain autrichien en vieil acariâtre. Entretiens avec Krista Fleichman, de Thomas Bernhard, adaptation Thierry Anger, m.s. Christian Mazzuchini, Restaurant Les Apprentis (off), à 17 heures jusqu'au 31 juillet. Durée: 1 h 15.

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publié le 29 juillet 1999 à 0h05

Il aura fallu beaucoup de ténacité à Krista Fleichman pour rester

dans l'histoire littéraire comme la seule femme ayant interviewé Thomas Bernhard. Lorsqu'enfin, en 1981, l'écrivain autrichien dont l'oeuvre entière est nourrie de haine pour son pays natal fait venir la jeune femme jusqu'à Las Palmas, en Espagne, c'est pour lui fournir les réponses les plus bizarroïdes. C'est donc à cette improbable rencontre que le public est convié dans le cadre rétro du bistrot de Thierry Anger, qui signe ici l'adaptation aux côtés de Christian Mazzuchini qui a conçu la mise en scène.

«Poétique, vous venez d'employer un mot que je ne peux pas prononcer. C'est un mot qui pue. Aristote aussi puait du cerveau», décrète Thomas Bernhard, avant de donner cet avis définitif au sujet de son compatriote, père de la psychanalyse: «Je tiens simplement Freud pour un grand écrivain. Une grande personnalité qui avait une grande barbe en pointe et qui malgré tout était une grande personnalité.» Fleichman, qui n'a pas dû être déçue du voyage, se dépatouille comme elle peut pour donner à l'ensemble un tour plus cohérent. «Rire c'est sérieux. Pascal, Kant, Schopenhauer sont les grands clowns de l'histoire», affirme encore le vieux solitaire. A l'en croire, sa vie, son oeuvre tiennent en trois mots: «on crie, on rit, on écrit.»

Bernhard prend un malin plaisir à agacer son interlocutrice et enfonce le clou de sa misogynie supposée: «le grand théâtre n'est pas fait pour les femmes.» Il en sauve pourtant une, Ros