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Libération

Moscou: et voguent les pirates... Un bulldozer vient d'écraser 500000 CD. Mais le business continue.

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publié le 29 juillet 1999 à 0h05

Moscou, de notre correspondant.

Un champ recouvert de CD dans la campagne russe. Et, au loin, un bulldozer qui s'approche et bientôt écrase 500 000 disques. Ce mardi, le spectacle à séance unique, scénarisé et produit par le ministère de l'Intérieur, était impressionnant et dûment suivi par une nuée de caméras et d'appareils photographiques. Cette opération choc et charme visait à estomaquer le badaud devant son poste de télé, à éponger quelques larmes d'artistes en manque de royalties et surtout à atténuer le courroux des compagnies étrangères.

Un demi-million de CD pirates écrasés pour l'exemple, ce n'est pas rien. Mais cet effet d'image n'est que du pipi de chat. Régulièrement, les autorités annoncent la saisie puis la destruction de CD, CD-Rom et cassettes vidéo pirates, lesquels constituent l'essentiel du marché russe (certains parlent de 98%). Le maire de Moscou entonne le même couplet, disant vouloir chasser les pirates de la capitale. Alors, les marchands se mettent un peu au vert et, l'orage passé, les affaires reprennent sur des étals sauvages, en face de l'hôtel Métropole par exemple. En octobre, on avait écrasé 20 000 CD pirates. On en écrasera d'autres.

Pourtant, bon an mal an, tout reste calme à la frontière finno-chinoise comme on disait au temps de l'URSS. Dans la périphérie de Moscou (sans parler de la province), les marchés pirates ouverts le week-end tournent à plein régime, la police assurant même la circulation, intense ces jours-là. Dans le quartier Fili,